Le mécénat, passe-muraille de toutes les crises.

Crédit : AMINE RAHMOUNI / OUISSAL TOUZANI

La crise que nous traversons actuellement aura-t-elle raison du mécénat ? Alors que la solidarité s’organise en faveur des hôpitaux et plus largement des soignants, le secteur culturel traditionnellement parmi les premiers bénéficiaires de la générosité craint pour son avenir. Festivals, spectacles, expositions et autres concerts sont annulés, ainsi privés des ressources nécessaires à leur survie.

Si la récession s’annonce inévitable, le mécénat n’en est pas à sa première crise. Aussi soudain et brutal fut-il, le krach de 2008 n’a pas sonné le glas de la philanthropie, bien au contraire. Selon le baromètre de l’Admical, le mécénat culturel avait accusé une chute vertigineuse entre 2008 et 2009, passant de 950 millions d’euros à 350 millions. En 2013, près d’un quart (24 %) des entreprises ont raboté leur budget dédié au mécénat à cause de la crise économique. Toutefois, un cinquième des compagnies augmentaient leurs financements durant la même période, limitant ainsi l’effet de ce désengagement. Cette étoile dans la nuit était le début d’un processus de renouvellement du mécénat. La crise économique se muant en crise sociale et identitaire, le mécénat culturel s’est réinventé en mécénat croisé socio-culturel. Les entreprises soutenaient en priorité des actions éducatives, de cohésion, d’insertion, participant à faire bouger les propositions des musées, opéras et autres opérateurs culturels longtemps restés dans un entre-soi. Puis, ce fut le tour des petites entreprises et des particuliers de s’engager à leur niveau. Les PME et TPE sont devenus en quelques années le vivier du mécénat, représentant à elles seules 96% des entreprises mécènes. Les appels à souscription publique se sont multipliés à tel point qu’entre 2015 et 2017 il ne se passait pas une semaine sans qu’un musée ne lance la sienne.

Il est à parier que ce fort mouvement de démocratisation ne s’accentue aujourd’hui. La plateforme d’engagement populaire lancée par l’Elysée a déjà réunie quelques 100 000 volontaires, les opérations de soutien en nature, en compétence ou financier pour les plus démunis et le secteur médical se multiplient. Nous nous efforcerons au cabinet Fourreau et associés de mettre les initiatives les plus pertinentes et porteuses d’avenir en avant chaque semaine à travers cette lettre. En plein milieu de la crise du coronavirus, le mécénat se réinventera, tout comme l’offre culturelle dont la multiplicité des propositions digitales prouve combien on ne peut traverser un tel séisme sans ferment culturel.

Sarah Hugounenq